La bataille du télé-enseignement


En juillet, le gouvernement a publié un protocole sanitaire pour faire face à l'épidémie dans l'éducation nationale, avec plusieurs stratégies

  • Enseignement présentiel
  • Enseignement hybride (en partie présentiel, en partie distanciel)
  • Enseignement à distance

Et il a été décidé que la rentrée se déroulerait normalement, en présentiel (avec des masques, du gel hydroalcoolique et de la distanciation sociale si possible).

De la fin du premier confinement au mercredi 4 novembre 2020, la stratégie adoptée par le gouvernement a été l'enseignement présentiel.

Depuis, le jeudi 5 novembre 2020, la stratégie du gouvernement est celle de l'enseignement hybride.

Comme les lycées ne sont pas équipés en caméra, ils ne peuvent diviser leur densité de population par deux qu'en demandant aux élèves de venir une semaine sur deux (comme dans ce lycée de Perpignan). Mais c'est un enseignement hybride du pauvre

  • La densité de population est divisée par 2 dans le lycée, dans les couloirs, à la cantine...
    MAIS PAS DANS LES CLASSES (plus de 25 heures par semaine, dans de petites salles peu aérables en hiver, où les élèves sont à moins d'un mètre les uns des autres)
  • Pendant la semaine où ils seront en distanciel, on demandera aux élèves de la discipline, de l'autonomie, du travail personnel à la maison donné par les professeurs pour préparer le présentiel, effectuer des recherches, préparer des exposés et peut être assisteront ils à des vidéo-conférences hétérogènes, diffusées par les professeurs selon le matériel et les compétences techniques à leur disposition... IL Y AURA ENCORE ENORMEMENT DE DECROCHAGE

    Pour info : les élèves de terminale auxquels on a donné leur bac en mars n'ont pas travaillé pendant 6 mois. Beaucoup d'élèves très sérieux de CPGE ont assisté aux vidéo-conférences de leur lit. Quid des autres ?

  • Les colles sont impossibles une semaine sur deux en CPGE
Voila ce qui serait possible si deux caméras étaient installées dans une salle de classe :
  • Les élèves viennent tous les jours, une demie journée par jour
  • Les élèves responsables et disciplinés peuvent rester plus souvent chez eux
  • Les élèves fragiles peuvent venir plus souvent en présentiel
  • Les cours sont tous filmés, enregistrés et peuvent être revus en différés
  • option : Il est possible d'interagir avec les étudiants distanciels pendant le cours en présentiel
  • L'internat est fonctionnel
  • La densité de population de la cantine peut être drastiquement diminuée (par demie-journée, on peut demander aux élèves de manger chez eux/faire participer les restaurants à la lutte contre le covid via des livraisons) : au mieux, seuls les internes et les fragiles mangent sur place. 
  • Les colles sont possibles (on fait venir en fin de journée ceux qui ont colle)
  • La qualité du télé-enseignement est bien meilleure avec 2 caméras 1080p filmant 2 pans de tableaux noirs
  • internet n'est pas saturé et les besoins en bande passante sont raisonnables : les flux vidéos étant compressés, compter 50kb/s au maximum.
  • 100 classes peuvent fonctionner en parallèle sur une connexion standard à 10Mb/s en filaire, ou au pire via le wifi puis un routeur 4G, si la connexion du lycée est vraiment faiblarde. 
  • Les profs font cours normalement, au tableau, sans manipulation technique complexe (un interrupteur pour allumer/éteindre les caméras)
  • Le coût d'une telle installation est d'au plus 10€ par élève or, chaque année, l'État dépense plus de 10 000€ par élève, c'est modique...

Le problème est qu'il n'y a aucune caméra installée dans les lycées pour permettre le télé-enseignement en mode hybride dans de bonnes conditions. De sorte que les chefs d'établissement n'ont pas d'autre choix que d'instaurer le mode hybride du pauvre

Depuis août, on se doute, au vu des chiffres croissants des contaminations de l'épidémie qu'il faudra passer en enseignement hybride, mais l'État n'a rien anticipé ou préparé pour les raisons suivantes : 

  • Pendant tout le temps où la stratégie de l'État était "enseignement normal", il n'était pas légalement possible d'investir dans du matériel pour la stratégie "enseignement hybride".
  • En temps normal, lorsqu'un service public choisit de s'équiper, cela passe par plusieurs étapes qui peuvent prendre des mois au total : 
    1. Etude du matériel
    2. Validation du matériel
    3. Décision d'acheter le matériel
    4. Appels d'offre
    5. Mise en commande
    6. Mise en fabrication
    7. Livraison
    8. Installation
    9. ...
  • Lorsque l'état d'urgence sanitaire est déclaré, il est peut être possible de décider, mettre en fabrication, faire installer plus rapidement MAIS
    1. Avez vous été prévenu à l'avance du passage en mode hybride ?
    2. Avez vous eu le temps d'acheter du matériel ?
    3. Vous a t'on entendu lorsque vous avez fait remonter à votre hiérarchie les besoins en matériels pour mettre en place la stratégie hybride ? Dès juillet ?  
    4. Le conseil scientifique comporte t'il des ingénieurs, des informaticiens, des mathématiciens, des physiciens, des psychologues... ? 
      A t-il bien conseillé l'État sur tout ce qu'il était possible de faire pour lutter contre l'épidémie en préservant l'essentiel (éducation, économie, qualité de vie) ?


Nos institutions étant, à l'heure actuelle, dans l'incapacité d'aider les chefs d'établissement à mettre en place un enseignement minimisant les décrochages et maximisant la qualité de l'enseignement, les conditions sanitaires et l'efficacité de la lutte contre le coronavirus, cela laisse au peuple une possibilité pour bien faire (cela concerne 5.5 millions d'élèves et 500 000 enseignants) : 
  • trouver les fonds propres/privés (profs, élèves, établissement) nécessaire pour acheter le matériel (le coût est faible)
  • trouver une entreprise capable de produire le matériel rapidement et en grande quantité (c'est le plus gros souci)

    Pour info, l'auteur de ce post connait UN modèle de caméra capable de convenir
    et UNE SEULE entreprise (chinoise) qui la fabrique, capable de fabriquer et de livrer SEULEMENT 100 caméras par semaine

    Si la demande était conséquente (équiper la France entière représente environ 200 000 caméras), de l'ordre de 10 000+ unités ?, il est certainement possible de missionner une entreprise française comme celle la  pour concevoir, mettre en fabrication et livrer rapidement le matériel nécessaire (tout en ayant un meilleur matériel, plus simple à mettre en place et deux fois moins cher)
  • obtenir la permission du chef d'établissement pour

    1. percer quelques trous dans un mur (ou un plafond) pour installer durablement les caméras et les calibrer une fois pour toute
    2. Faire installer un interrupteur pour les allumer et les éteindre, alimenter en électricité les appareils
    3. se raccorder via un switch et un cable ethernet au réseau existant (Avec l'accord et la coopération de la région) OU brancher dans un local fermée un routeur 4G qui couvre en wifi une zone de 250/400 mètres de rayon (pour des coûts modiques).

Nos institutions (gouvernement, opposition, partis, syndicats) ont failli. Maintenant, la balle est dans le camp du public (chefs d'établissement, profs, élèves, parents, population). 

Bon courage à tous et restez en bonne santé ! 

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